Le 9 avril 1976, la ligne vers Caracas est ouverte en Concorde. Elle nécessite une escale technique à Santa Maria à l’aller comme au retour. Dans le sens Caracas Paris, du fait des vents favorables et de la faible charge habituelle, de nombreux équipages pensent qu’on peut « brûler » l’escale de Santa Maria. C’est ce que fera l’équipage du commandant Duchange le 29 mai 1976. Alain Bataillou, qui était pilote sur ce vol, nous raconte ce vol « AF 200 Caracas Paris CDG en direct » d’une manière très détaillée. Dans l’article ci-dessous, Jean-François Berthelot nous parle de la mésaventure du mécanicien de piste mis en place à Santa Maria et qui n’a pu rentrer à la date prévue …
Nous programmions donc un mécanicien convoyeur pour effectuer le vol AF200/201 et assurer l’assistance technique aller/retour à l’escale de Santa Maria. J’étais à l’époque contremaître à DM.QN, avec la possibilité, comme mes collègues, de désigner le mécanicien concerné. Il faut dire que, compte tenu du contexte d’exploitation et de la fierté de voler sur « notre avion », les places étaient « assez chères » et il s’était constitué un petit noyau de mécaniciens prévus ou affectés pour cette rotation.
Je me souviens que Dailly (c’était le nom de ce mécano) était venu me voir quelques temps avant pour me faire part de sa disponibilité et que lui aussi aimerait bien faire cette mission. Je lui promis donc que la prochaine fois, ce serait « son tour ». Promesse tenue, il s’envole donc ce 28 mai, fier, heureux, avec sa « caisse à clous » et … une liste de bouteilles de porto à rapporter pour les copains du hangar et pour commémorer « le baptême de cette mission ».
Il a vu passer l’avion tout là-haut … « la flèche d’argent dans le ciel azuré » … Il fallait alors revenir !!! Avec ses outils (toujours dans la caisse) et le porto … mais ce jour-là, pas de vols commerciaux entre les Açores et CDG. Nous lui avons trouvé un vol cargo qui repassait par Pointe à Pitre … et oui … les Antilles !
Comme la famille des mécaniciens sol est une grande famille, notre ami Dailly a retrouvé, sous les cocotiers, des collègues. Et des retrouvailles, ça se fête ! Ils ont échangé le porto contre … des bouteilles de rhum.
Quelques jours plus tard, au hangar : « Dailly … dans mon bureau !! Alors que s’est-il passé ? Tu veux partir, l’on te fait confiance, l’on te charge d’une mission complémentaire … tu reviens en retard … et avec un autre produit que celui commandé … où en est alors la QDS ? »
Nous nous sommes bien amusés de cette péripétie, quelle aventure !! Et avons, bien sûr, partagé l’exploit de ce vol le plus long.
JFB
QDS : qualité de service. Pour la Maintenance, l’équivalent du Graal des Chevaliers de la Table Ronde.
Concorde aux Açores © Phillip Dawe