Par Pierre Grange
Cette image reste un souvenir amusant d’une de ces grandes envolées dont Concorde nous régalait. Il s’agissait de la tournée présidentielle de François Mitterrand en Amérique du Sud, début octobre 87. Raymond Machavoine était notre « captain » et Gilbert Barbaroux le « mécano ».
Notre première étape était la Guadeloupe avec, comme toujours sur l’Atlantique Central, un moment délicat du côté du point milieu entre Açores et Antilles. Il nous fallait alors envisager les cas de panne moteur ou de dépressurisation et Concorde n’aime pas du tout ce genre d’hypothèses mais enfin, à quelques kilos près … ça passait. Ensuite la rotation présidentielle ne fut que du bonheur.
Pointe à Pitre – Buenos Aires, en direct et à Mach2 au-dessus de l’interminable forêt amazonienne nous prit quand même 4 heures et 7 minutes en supersonique tout du long ; quel continent ! Un souvenir sur cette étape : l’évitement d’une puissante tête de « cunimb » qui dépassait aisément nos 55 mille pieds. Visible de très loin lors de ce lumineux vol de jour, elle semblait vouloir grimper de plus en plus haut au fur et à mesure que nous approchions.
Entre l’Argentine et le Pérou, un saut de puce était programmé car la visite de l’Uruguay était à l’ordre du jour. Raymond m’a confié la redoutable tâche de poser le char de l’état à Montevideo ce qui fit un grand boum … arrondi trop long, trop haut … patatras. Est-ce pour cette raison que l’armée uruguayenne est intervenue pour m’embarquer à bord d’un tricycle Honda avec chauffeur ? … Et Gilbert avec moi car c’est lui qui avait lu la sonde ? En tout cas, nous ne semblons pas inquiets sur la photo et parvenir à faire rire des militaires sud-américains en armes est encore un miracle de Concorde.
Le lendemain, nous avons conduit le Président au Pérou avant de rentrer vers Paris en faisant escale à Pointe à Pitre. En Concorde, sur le vol retour des Antilles, pas d’inquiétude aux points milieu : avant les Açores, on a du carburant à foison, après, les terrains de secours sont proches et nombreux.
Merci à Gilbert pour cette belle photo
PG
Informations P Borentin, site lesvolsdeconcorde.com
Ci-dessous, le 6 octobre, dans le hall de l’hôtel de Buenos Aires, l’équipage du vol présidentiel.