Par Steve Sterner
Handling Company Manager
Washington Dulles
Après de nombreux mois de préparation et de début d’exploitation de Concorde, Bob Saitta décide finalement de prendre des vacances. Étant donné qu’il n’y avait pas de chef d’escale adjoint Air France à ce moment-là, je suis désigné comme « responsable » en son absence. Et bien sûr, dès le lendemain, le Concorde subit une panne moteur et se déroute sur Halifax (YHZ).
Il y a quelques mois, le personnel au sol d’Air Canada à YHZ était venu à IAD pour se préparer à un tel évènement et comprendre comment gérer les passagers du Concorde.
Nous sommes contactés par le Dispatch. Le Concorde de réserve a été préparé et a décollé de CDG pour YHZ. L’horaire normal d’arrivée à IAD est 17h00 mais la journée avance rapidement. Air Canada retarde son vol YHZ-DCA (Aéroport National de Washington) afin de traiter autant de nos passagers que possible. Mais beaucoup restent sur place, par choix.
Le téléphone dans le bureau de Saitta sonne sans arrêt. Je me souviens d’un appel de l’Associated Press. Je lui explique que je ne suis pas un employé d’AF, donc « vous ne pouvez pas citer mon nom, mais voilà ce qui se passe ». Je le dirige ensuite vers le responsable local des relations presse d’AF, Jim Collins qui a les mêmes informations et peut parler au nom d’Air France.
Beaucoup d’appels pour partager des informations internes, tenir au courant les agents, etc. Les télex volaient dans tous les sens. Nous devions nous tenir prêt à gérer les passagers et l’avion à l’arrivée du Concorde de réserve et aller à la rencontre du vol d’Air Canada à DCA pour assurer l’arrivée et le transit de nos passagers. Bien sûr, nous avions quelques célébrités à bord. Jimmy Breslin, un journaliste basé à NYC qui n’était pas fan du Concorde atterrissant à JFK. Et le célèbre designer Pierre Cardin. Cardin est arrivé sur Air Canada. Breslin a attendu le Concorde de secours.
Vers 22h00 ou peut-être plus tard, le Concorde de réserve est arrivé. Nous étions au complet pour les accueillir et satisfaire toutes leurs demandes. La plus grande difficulté était de vérifier tous les bagages des passagers d’Air Canada et de les envoyer vers leur destination finale. Lorsque Pierre Cardin s’est réveillé le lendemain, son sac attendait devant la porte de sa chambre d’hôtel !
Après avoir enfin terminé les activités d’arrivée bien après minuit, nous avons dormi un peu. De retour à 08h00 le lendemain pour préparer le départ à l’horaire standard de 13h00. Une journée très chargée et stressante.
Préparation au départ à Washington : la fameuse passerelle G7 est en place pour le chargement du galley arrière et les pleins sont en cours. @ Steve Sterner
Bien que cela ne soit pas de notre ressort, mais ne laissant rien au hasard, l’étape suivante consistait à envoyer une équipe de maintenance, un moteur de rechange et de l’équipement sur un avion cargo AF de CDG à YHZ pour la réparation. Une fois remis en service, un autre cargo s’est arrêté à YHZ, a récupéré le moteur cassé et l’équipement, et l’a renvoyé à CDG.
Saitta a félicité notre équipe de jeunes « vingtenaires » pour leur gestion impeccable d’une situation critique et nous a dit que nous avions marqué l’histoire de l’aviation.
Il avait bien raison !
SS