DANG MEO TY

Par Pierre Grange

Né en 1929, M. Dang Meo Ty entre à Air France Saïgon en 1947 au secrétariat technique de la Direction des Opérations Aériennes. La flotte d’Air France Saïgon, composée de 19 appareils dont 8 DC4, 8 DC3 et 3 Bristol, exploite le réseau Asie/Extrême orient est. Les DC4 sont les long-courriers qui desservent la Chine, l’Australie et poussent jusqu’à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. En 1952, il devient Chef du service Documentation de vol et Navigation aérienne. Il est en charge de tout ce qui touche à l’infrastructure et aux performances avions, tâches auxquelles s’ajoutent la sécurité sauvetage et la formation des PNC.

En 1954, la compagnie nationale Air Vietnam est créée. Air France, qui participe à hauteur de 49%, aide à cette création. La flotte locale est cédée pour un franc symbolique et 80% du personnel est transféré à Air Vietnam. M. Dang Meo Ty est alors muté et promu Chef du Service Exploitation Aérienne et responsable de la flotte de la nouvelle Compagnie. Il reprend alors ses études, et devient bachelier en 1963. En 1967, à 38 ans, il obtient une licence en droit économique et international à la Faculté de Droit de Saïgon avant de suivre en 1968, à l’université d’Oxford, un stage de « Top management » lui donnant les compétences managériales permettant de diriger une compagnie aérienne.

En 1972, après avoir été Directeur des Opérations Aériennes, il est promu Directeur Général Adjoint en charge des opérations aériennes, du programme et du commercial. Parlant anglais couramment, il effectue d’incessants voyages à l’étranger pour traiter les nombreuses questions qui se posent à une compagnie aérienne comme les libertés de trafic, la formation, le recrutement des équipages et les achats d’avions pour renouveler la flotte.

Le 30 avril 1975 c’est la chute de Saïgon. Les troupes communistes nord-vietnamiennes envahissent la capitale ; après 30 ans de combats, la guerre se termine. Avec trois mille hauts fonctionnaires de l’ancien gouvernement républicain, M. Dang Meo Ty est envoyé dans un centre de rééducation communiste situé à 150 km de Saïgon. Il y reste 6 mois avant de se retrouver dans sa « campagne » à s’occuper de son jardin fruitier de cinq mille m2.

En octobre 1983, grâce à l’intervention de la Direction du réseau Asie Pacifique Air France, M. Dang Meo Ty et sa famille arrivent à Paris et il réintègre la Compagnie Air France. En attendant une affectation définitive, il travaille à l’agence des Champs Elysées. Il rejoint ensuite, à CDG, la Direction des Opérations Aériennes où il peut à nouveau exercer ses compétences. Le chef de service DO.NI (Service Lignes) lui confie la préparation des vols Concorde ce qui lui permet d’avoir de fréquents contacts avec la Division. Cela lui permet d’approfondir sa connaissance technique en matière supersonique. Durant les 10 années qu’il passera à ce poste, à l’époque où Concorde allait partout dans le monde au hasard des vols spéciaux et présidentiels, il se félicitera de la bonne qualité des échanges entretenus avec les navigants. Il a écrit : « Tout a très bien marché avec l’aide de la Division Concorde ». Du fait de son expérience et de ses qualités professionnelles, il dût assumer quelques missions particulières comme l’étude de l’ouverture de ligne sur Hanoï en B747-200. Le 19 mars 92, une semaine avant son départ en retraite, il effectue un aller-retour Concorde JFK en complément d’équipage.

Celui que nous appelions affectueusement Monsieur Ty nous a quittés le 3 mai 2018 à l’âge de 89 ans. Il était fidèle à l’Apcos et, lors des repas anniversaire, veillait à nous y retrouver. Si, pour une raison ou une autre il était empêché, ses enfants nous rejoignaient. C’est une longue lettre retraçant sa carrière professionnelle qui m’a permis de présenter l’itinéraire exceptionnel de M. Dang Meo Ty.

Adieu Monsieur Ty !

PG

20 mars 1992, Bernard Bachelet, Dang Meo Ty, Claude Poulain, Philippe Girard et Guy Pellerin au “ramassage” pour le vol AF002 vers Paris