Par Pierre Grange
Aujourd’hui, personne ne se souvient de ces nombreuses PME qui ont apporté leur savoir-faire et permis la réussite technique du programme Concorde. En 1973, la société Brochier, usine de la banlieue lyonnaise est spécialisée dans le tissage de la fibre de verre. Parmi ses compétences, le tissage de « chaussettes » qui, après mise en forme et imprégnation de résine, deviennent des radômes. Brochier fournit déjà les Mirage de Dassault, elle est sélectionnée pour tisser le nez de Concorde. Pourquoi utilise-t-on la fibre de verre ? M. Brochier l’expliquait en 1973 à la journaliste Claudine Roy de Rhône Alpes Actualités : « la fibre de verre laisse passer les ondes, elle est donc bien adaptée à constituer l’enveloppe du radar. Ces chaussettes sont tissées selon de vieilles méthodes. C’est un métier à tisser Jacquard qui sert à fabriquer ces chaussettes. On n’a encore rien trouvé de mieux que les programmes Jacquard qui positionnent au mieux les fils les uns par rapport aux autres, ce qui permet de conserver toute leur intégrité et leur résistance à la traction et aux chocs. Evidemment ce métier a été adapté pour permettre de tisser dans une aussi grande largeur et avec la qualité voulue puisqu’il s’agit de faire des pièces aéronautiques. Il faut environ 20 chaussettes pour réaliser un radôme de Concorde. »
Lorsque Jacquard, en 1801, met au point sa machine en combinant diverses techniques dont les cartes perforées qui permettent de programmer le tissage, il ne se doute pas qu’on ne trouvera pas mieux pour créer le nez des avions supersoniques du siècle suivant. Dans les faits, on peut considérer que Joseph Marie Jacquard est un des premiers professionnels de Concorde et, qu’à ce titre, il a droit au titre d’Apcosien d’honneur.
PG
Le radôme de Concorde, exposé dans le hall du Siège Air France