Un week-end de star pour Concorde
Par André Rouayroux
En 2005, nous étions quelques-uns à l’APCOS, à penser qu’il était grand temps de recueillir en vidéo le témoignage des anciens du programme Concorde. La rencontre avec André Rouayroux et Loïc Pourageaux, fut une véritable chance. Ils venaient de réaliser « Un ciel signé Concorde » et étaient animés de la même volonté de pérenniser ces témoignages. Ce fut le début du projet « Les Gens de Concorde » qui de novembre 2007 à janvier 2016, a permis d’interviewer une centaine de personnes et qui permet aujourd’hui de disposer de plus de 150 heures de témoignages.
André Rouayroux et Loïc Pourageaux
En l’année 2019, à la fois 50ème anniversaire du premier vol de Concorde et 100ème anniversaire du premier vol commercial français, ils ont réalisé, à partir de ces témoignages, un film de dix minutes « Concorde, les défis », qui a été sélectionné pour être présenté au cours du colloque « 100 ans d’aviation commerciale » à la DGAC mais aussi pour être en compétition au festival « Des Etoiles et des Ailes » à Toulouse où il sera primé.
André revient, ci-dessous, sur ces deux journées si importantes pour le projet « Les Gens de Concorde ».
Quel week-end de star ! Vendredi 4 octobre, à l’heure où les premiers rayons du soleil achèvent d’effacer les dernières gelées nocturnes encore présentes sur la plaine d’Issy les Moulineaux… Non ! C’est pas vrai. Mais quand même de bonne heure, Pierre, Loïc et moi nous retrouvons dans les locaux de la DGAC pour participer aux journées d’études consacrées aux 100 ans d’aviation civile en France. Notre présentation de Concorde ayant été retenue, il ne nous restait plus qu’à nous mêler à cet aéropage d’historiens, d’archivistes, de notaires… enfin de tant de gens sérieux. Mais d’ailleurs comment vont-ils recevoir ce travail si particulier, écrit avec une caméra et uniquement accessible sur écran. Comprendront-ils qu’il s’agit d’une mise en forme différente d’archives, au contenu tout aussi sérieux que leurs kilomètres d’étagères de papiers ?
Bon, il est maintenant trop tard pour reculer. Prenons place dans la spacieuse et confortable salle de conférences et tendons l’oreille. Très vite, il est question de nous ; pas de nous ici présents mais d’eux, en fait de Concorde et de ses serviteurs. Difficile de tout comprendre tant le discours est imprécis, mais c’est bien. Cela va asseoir notre présentation. Dans la salle, un public sélectionné pour écouter des sujets brillants, intéressants, dont la présentation académique s’éloigne de cette humanité qui remplit la nôtre. Cela veut dire en d’autres termes que plumage et ramage, c’est pas pareil.
Bon maintenant le temps court. Et nous, on a encore rien dit ! Il est 12h45 et l’appel du ventre va provoquer ses effets génériques. Non, non restez, c’est à nous ! Merci Madame Bidou pour votre accueil chaleureux, demandant un peu d’attention pour découvrir la « perle » qui s’annonce. Pendant que les uns s’étirent, d’autres se redressent … c’est maintenant à nous. Alors comme il faut aller vite, la présentation si longtemps répétée pour qu’elle rentre dans les cinq minutes accordées sera amputée, que dis-je massacrée. Un ton trop rapide, déclamée comme lors de la première de la soirée théâtre en seconde moderne. Premier applaudissement …. Attendez, c’est pas fini.
En 2019, la DGAC organisait des journées d’études à l’occasion
des 100 ans d’aviation civile et commerciale en France
Voici enfin ces Gens de Concorde que vous attendez tous. Les lumières s’éteignent et le rideau s’ouvre sur Jean Claude Martin, digne éclaireur de la troupe de contradicteurs à laquelle il appartient. Le silence règne, l’attention est là, sauf quand Henri-Paul Puel termine sa fameuse scène de la porte et que le public s’enflamme avec lui. Bon voilà, ils ont réussi à faire un courrier transatlantique qui tous les jours… la suite vous connaissez.
Fin et applaudissement nourris. La lumière se rallume ; non, on salue pas maintenant ; c’est toujours pas fini. Et voici, les questions réponses. C’est un peu comme les dossiers de l’écran de Joseph Pasteur, sauf que comme c’est pour Concorde nous sommes toujours tous les trois. Et là, le standard va sauter. Les spectateurs ont vraiment suivi. Non seulement ils n’ont pas déserté, mais ils participent. Et je suis désolé, mais le temps imparti est maintenant écoulé … et de nouveau, applaudissement.
Vraiment Concorde a été une fois encore la vedette de la matinée et c’est regrettable que le temps nous manque car, il n’y aura pas de prolongation. La vedette est engagée ailleurs.
Ailleurs c’est à Toulouse, cette république toulousaine si chère à André Turcat. Là, la barre est plus haute. Normalement, tous savent de quoi ils parlent, mais bon on verra bien. Fort du succès parisien, nous bombons le torse et avançons. Alors ici aussi tout commence avec le parloir. Chacun vient sur scène pour remercier son voisin de ci, de ça et même plus encore. Heureusement qu’un magnifique numéro de music-hall aéronautique avait précédemment réjoui la salle. Une maquette télécommandée évoluait dans la salle au gré de lumières, de la musique et du crâne des spectateurs. Magnifique idée et superbe réalisation. Bon, ça y est ! Ils n’ont plus rien à dire, ça va commencer.
Alors le premier prix décerné ce soir sera le prix du documentaire. Comme d’habitude, Airbus face à ATR et contre Safran … et Concorde. Franche rigolade avec Loïc, l’un comme l’autre restant persuadés que notre place n’est pas ici, nous ne sommes pas dans la bonne cour. Le prix du Public peut-être, mais celui du documentaire, faut pas rêver. Les films sont présentés and the winner is … et là les discours reprennent, comme notre conversation. Et le gagnant est : … Concorde. Du fond du cœur, Loïc lancera : M…e, ça commence mal ! Bon et bien il nous faut maintenant rejoindre la scène.
Après le discours très chaleureux de Bernard Chabbert, les heureux récipiendaires du Prix du Documentaire du Festival des Etoiles et des Ailes, entourés de Mme Lina Murad, actrice et réalisatrice et de M. Pierre Schumacher, réalisateur.
Merci Monsieur Chabbert pour les paroles très élogieuses que vous avez prononcées sur ce travail, merci pour en avoir si bien traduit l’esprit et la finalité. Voilà, on ne va pas tomber dans la litanie des remerciements. Les nôtres seront discrets peut-être un peu orientés vers les Toulousains et leur culture aéronautique. Je sais qu’ils ont apprécié, ils nous l’ont confirmé.
Maintenant c’est pas fini, ça vient juste de commencer. Soyons attentifs, si on en avait un autre? Non, ne soyons pas égoïstes … ça serait assez injuste pour Airbus quand même ! Bravo à Jérôme Bonnard pour ses deux prix dédiés à l’ULM. Ils sont mérités … Voilà, la soirée va se terminer comme d’ailleurs ce compte rendu.
AR
Le trophée Prix Documentaire du Festival des Etoiles et des Ailes