Les navigants d’essais l’appelaient 02, c’est son rang dans la nomenclature Concorde ; les bénévoles de l’Association du Musée Delta Athis Aviation qui s’en occupent depuis 1976 le nomment affectueusement Sierra Alpha, c’est l’indicatif radio abrégé qui correspond à son immatriculation F-WTSA.
Acteur clé du programme Concorde, il en est le grand oublié, si l’on compare son sort à celui des autres “membres de la famille”, devenus des stars dans de prestigieux musées.
18 mai au 28 mai 1965, au cours d’un symposium Concorde (ce sera le seul), les Constructeurs présentent, aux Compagnies clientes, à Filton puis à Toulouse, l’état d’avancement du programme et ses perspectives. Pierre Satre Directeur Technique de Sud Aviation et Archibald Russel son homologue de la British Aircraft, annoncent la décision de retarder la fabrication du présérie français afin de lui permettre de bénéficier des dernières améliorations en termes de motorisation et aérodynamique en vue d’être très proche de la version de série. Ainsi, lors de sa fabrication, 7 ans plus tard, il disposera des derniers moteurs Olympus ainsi que de nouvelles tuyères de type « paupières ». Son fuselage allongé permettra de loger un volumineux réservoir carburant autorisant une plus longue autonomie en vol supersonique. Il sera équipé, à l’arrière d’une cabine passagers permettant l’emport de 32 passagers.
28 septembre 1972. Roll out du Sierra Alpha qui est présenté face à l’A300B
Le Sierra Alpha prend son envol le 10 janvier 1973, l’année de tous les dangers pour le programme Concorde. De ce fait, les responsables décident de lui confier la réalisation des premiers vols supersoniques « habités » par de « vrais » passagers. 32 VIP, décideurs ou influenceurs, purent ainsi goûter en avant-première, au vol à Mach 2 dans un confort de 1ère classe. Il fut indéniablement le premier « commercial » Concorde.
Dès le 23 février 73, lors de son 15ème vol il parcours 3050 milles nautiques (boucle vers l’Islande) en 3h27 dont 2h07 à Mach 2.
Le 6 mars 73 au cours du 19ème vol, il couvre 3400 milles nautiques (Toulouse – Canaries et retour). Cette performance confirme que Concorde a la capacité transatlantique (Paris – New York : 3200 milles nautiques)
Du 17 mars au 16 mai 73. Le Sierra Alpha entre en chantier d’aménagement de la cabine arrière dessinée par Isabelle Hebey (32 sièges cuir)
24 mai – 1er juin 1973. 9 vols de démonstration sur l’Atlantique à l’occasion du Salon du Bourget.
19 août – 9 septembre 1973. Le Sierra Alpha subit un chantier préalable à la tournée américaine et, à cette occasion, change de livrée. Il apparait alors aux couleurs d’Air France à bâbord et de British Airways à tribord.
19 septembre 1973. C’est le début de la tournée américaine : Caracas – Dallas – Washington.
26 septembre 73. Le Sierra Alpha effectue la première traversée supersonique Washington – Paris Orly à pleine charge, avec 32 passagers importants à bord.
Revue Mach 2.02 N°33 Le WTSA un Concorde pas comme les autres. Paru en avril 2007, les différences du Sierra Alpha par rapport au présérie anglais sont détaillées.
Revue Mach 2.02 N°34 Le WTSA, ambassadeur du programme Concorde. Les nombreuses missions effectuées par le SA sont listées et montrent combien les décideurs étaient audacieux et que leur confiance était bien placée.
Revue Mach 2.02 N°35. Le Sierra Alpha, le dernier avion d’essais. Il ne faut pas oublier que le 02 était en premier lieu un avion d’essais et qu’on lui doit les freins carbone, les déflecteurs d’eau et les campagnes grand froid pour ne citer qu’eux.