Je n’avais pas vocation à devenir hôtesse de l’air, mais influencée par des amies hôtesses à TWA, je passe les concours à TWA, UTA, AIR INTER et AIR FRANCE. Après un séjour en Angleterre en 1973, le service de recrutement d’Air France m’encourage à me représenter, sous réserve d’une « silhouette plus élancée ». Le rapport devait être de 53kg pour 1m61. Après avoir fait régime, j’entre donc chez Air France en tant qu’hôtesse de bord saisonnière en 1974.
Avec le premier choc pétrolier survient une période de chômage, dont je tire profit pour perfectionner mon chinois appris aux langues O. J’alterne les petits jobs en attendant, j’en profite pour enfiler un uniforme de Pierre Cardin en devenant un temps hôtesse à la Compagnie des Wagons-Lits. Enfin, en mai 1976, je repars en vol et suis immédiatement affectée sur le secteur Asie grâce à ma connaissance du mandarin. C’est l’époque des longues rotations Moscou Tokyo Pékin en 707. Passer à chaque rotation, 8 jours en escale à Pékin sous le régime de Mao Zedong fut une expérience très enrichissante.
Sur présentation de ma hiérarchie et volontaire, j’intègre la petite « famille Concorde » en mai 1979. En robe Jean Patou, j’avais le sentiment d’être une saisonnière pour mon premier vol Mexico. Sur cet avion mythique, le mot hôtesse prenait tout son sens : proximité avec les passagers réguliers, anticipation de leurs besoins. J’avais même établi une liste des propriétaires de « toutous », je connaissais aussi bien le nom du passager que celui de son animal de compagnie, un raffinement qu’ils appréciaient.
S’ensuivirent des escales de rêves avec les liaisons Rio, Caracas, Mexico, New York et Washington jusqu’en 1982. En 1987, commencent les boucles supersoniques qui faisaient rêver « les millionnaires du dimanche », comprenant le déjeuner avec l’équipage du vol d’1h30 et dédicace des certificats.
En février 1987 je participe au tour du monde Kuoni qui, pour la première fois, se déroule vers l’est ! Dommage d’aller en Concorde vers l’est : nous partons tôt le matin et du fait du décalage horaire et malgré un temps de vol n’excédant pas 3h30, nous arrivons tard le soir !
J’ai aimé l’esprit d’équipage, l’osmose avec le personnel du sol, les femmes de ménage qui étaient fières de préparer la cabine aux aurores avant notre arrivée.
Lors d’un vol spécial le 20 mars 2000 je rencontre même le Père Noël à Rovaniemi.
Un autre vol marquant fut celui du transport de la flamme Olympique pour les jeux d’Albertville le 14 décembre 1991 avec le chef de cabine Yanick Gougaud. Que de souvenirs …
Le 30 mai 2003 Concorde tire sa révérence. Ce dernier vol fut lourd en émotion. La foule à l’arrivée a témoigné de son attachement à cet avion pas comme les autres. C’était le Concorde, l’inégalé, l’irremplaçable.
Jusqu’à ma retraite en 2006, j’ai pu découvrir de nouvelles escales d’Air France. Je garde un excellent souvenir de ces 32 ans au service d’Air France dont 24 années passées sur Concorde. Pour lui rester fidèle, je n’ai prétendu à aucun acte de carrière.
De belles rencontres, des plannings qui défilent à Mach 2, c’est ainsi que j’ai pu totaliser 5 830 heures de vol Concorde (étrange coïncidence, c’est la distance en kilomètres d’un Paris JFK). D’après le calcul de Philippe Borentin, cela représente 6 millions de miles nautiques soit 280 fois le tour de la terre. Cela donne le tournis !
Pour contribuer à la pérennité du Concorde, je m’investis désormais à l’APCOS et collecte les souvenirs de celles et ceux qui ont participé à l’aventure du bel oiseau. Je conserve ainsi des liens amicaux avec les anciens et les jeunes encore en activité devenus Chefs de Cabine ou Cadres PNC.
PC