Eléments extraits de l’interview du président Spinetta du 4 novembre 2009. © « Gens de Concorde »
L’accident aérien est l’évènement le plus redouté par un dirigeant de compagnie aérienne. Un moment extraordinairement difficile à vivre. Alors que l’entreprise est en deuil et que l’émotion est forte, de nombreuses décisions doivent être prises tout en engageant un délicat processus de communication fait de décence et d’empathie.
Le 25 juillet 2000, le Sierra Charlie en flammes a défilé devant le Siège Air France. Le président Jean-Cyril Spinetta, comme de nombreux employés d’Air France, a vécu l’accident en direct. Il nous l’a confié :
« J’étais dans une salle de réunion au 4ème étage du Siège et je tournais le dos aux pistes. C’était une réunion avec un certain nombre de personnes de l’encadrement PNC. J’étais en train de parler et je disais des choses assez banales lorsque j’ai vu soudainement le visage de mes interlocutrices se décomposer. Ce n’était manifestement pas ce que je disais qui les frappait à ce point-là ; je me suis donc retourné et j’ai vu le Concorde en feu. J’ai immédiatement quitté la salle de réunion pour me rendre au CCO (Centre de Contrôle des Opérations). J’ai continué à suivre des yeux le Concorde jusqu’au moment où il a disparu. Je n’étais pas certain qu’il se soit écrasé car je ne l’ai pas vu mais j’en avais malheureusement le pressentiment. Quand je suis arrivé au CCO, j’ai demandé s’ils avaient des nouvelles du Concorde mais personne n’était au courant. Chacun travaillait et aucune info n’était encore remontée. Juste après est arrivée la personne en charge de monter la cellule de crise (*). Elle aussi, avait vu l’accident. »
Le président a ensuite informé l’Elysée, Matignon et le ministère des Transports. Peu de temps après il recevait un appel du président Jacques Chirac qui, rentrant de voyage, avait assisté, comme lui, au passage du Concorde en feu alors que son avion attendait pour traverser la piste de décollage.
Jean-Cyril Spinetta s’est ensuite rendu sur les lieux de la catastrophe où l’ont rejoint le Premier Ministre et le Ministre des Transports.
” Ce sont des chocs auxquels on n’est jamais préparé.” a-t-il conclu.
Pour plus de précisions sur cette terrible journée du 25 juillet 2000 et sur tout ce qui s’en est suivi, vous pouvez consulter le dossier Accident, Enquêtes et Procès.
(*) En prévision d’un évènement de ce type, un certain nombre de personnels sont d’astreintes pour pouvoir instantanément armer une cellule de crise capable de regrouper les informations et prendre les décisions adaptées.